La naissance de la profession de pair aidant – dans les années ‘90 aux États-Unis – s'inscrit dans un vaste élan pour l'implication des usagers en psychiatrie, la valorisation de leurs savoirs et la formalisation de l'entraide.
Le principe de soutien mutuel existe a priori depuis les origines de l'Humanité – voire au-delà. Cependant, leur potentiel intérêt dans le domaine des soins n'a pas toujours été évident. Ainsi, la situation qui est la nôtre est le résultat de deux siècles de transformation de la psychiatrie.[1]
La figure de Jean-Baptiste Pussin (1746 - 1811) – ancien tuberculeux devenu surveillant adjoint à Pinel et connu pour avoir employé d'anciens patients à la Salpêtrière en raison des compétences relationnelles qu'ils avaient développées grâce à la maladie – illustre les prémisses de la valorisation de l'entraide et des compétences basées sur l'expérience. John Thomas Perceval, dit le Fou (1803 - 1876) – qui lutta pour les droits des dits aliénés et l'amélioration des conditions de vie dans les asiles (où il séjourna lui-même) – présente pour sa part le pendant politique et militant des premières luttes pour l'implication des usagers.


En 1935, la naissance des Alcooliques Anonymes préfigure l'émergence des groupes d'entraide – un mode formalisé mais réciproque de soutien entre pairs. À la fin des années '80, Judi Chamberlin – une “survivante” – revendique pour les usagers un droit à la parole, un accompagnement adapté à leurs besoins, davantage d'entraide et – plus que tout – de l'empowerment. Ces événements, cumulés à tant d'autres, amènent Patricia Deegan à définir, en 1990, le concept du rétablissement en psychiatrie comme « l'aspiration à vivre, à travailler, à aimer, et ce dans une communauté à laquelle il est possible de prendre sa place pleine et entière ».[2]
Dans la continuité du processus d'implication des usagers et de valorisation des compétences basées sur l'expérience, une première expérience d'embauche de travailleurs pairs aidants est menée au Colorado en 1986. Au vu de l'intérêt que ce nouveau type d'intervenant suscite auprès des usagers, le projet est reconduit à travers les États-Unis. La profession devient rapidement incontournable et s'exporte hors des États-Unis.
Le Cardinal, P. L., Roelandt, J.-L.a, Rafael, F., Vasseur-Bacle, S., François, G., & Marsili, M. (2013). Pratiques orientées vers le rétablissement et pair-aidance: Historique, études et perspectives. L’information psychiatrique, 89(5), 365–370. ↩︎
Deegan, P. (1988). Recovery: The Lived Experience of Rehabilitation. Psychosocial Rehabilitation Journal, 11(4), 11. ↩︎